La chanson francophone de qualité est à nouveau en deuil. Allain Leprest a quitté notre monde ce lundi 15 août 2011.
Ce sont les amis Jofroi et Anne-Marie, qui l’ont invité souvent au festival « Chanson de parole » à Barjac, qui m’ont communiqué l’information qui est tombée froide et glaciale comme toujours dans ces cas-là.
Né le 3 juin 1954, Allain n’était pas un artiste comme les autres. Il avait dans son regard et son comportement ce petit plus qui vous range très vite parmi les personnes inoubliables. Un instant, une minute, une heure ou une journée partagée avec lui vous restait gravée à tout jamais. Comme le son de sa voix, rauque comme celle des bluesmen et témoignage d’un vécu « brûlé par les deux bouts ».
Je me souviendrai ainsi longtemps de cette longue interview pourtant accordée à la hâte à la ferme de Martinrou à Fleurus (Belgique). C’était après un de ses fabuleux concerts programmés dans le cadre du festival « Mars en chansons » de Charleroi.
Dans les années 1980, en compagnie souvent de Romain Didier, Allain avait écrit les chansons qui l’ont fait connaître : Mec, Edith (en hommage à Piaf) ou La retraite. C’est au Printemps de Bourges qu’il se fit remarquer en 1985. Avec Romain Didier encore, il signa le superbe SDF. Mais il partagea aussi l’écriture d’autres chansons avec Kent, Jacques Higelin, Sylvain Lebel, Dominique Pankratoff, Gilbert Laffaille ou encore Yves Duteil. Il écrivit quelques titres pour Isabelle Aubret et Juliette Gréco entre autres. En 2007 et en 2009, il enregistra deux albums intitulés « Chez Leprest » (volumes 1 et 2) où il invita notamment Michel Fugain, Nilda Fernandez, Enzo Enzo ou Adamo à partager avec lui l’interprétation de ses chansons phares.
Il y a quelques années, Allain a connu les affres d’une grave maladie qui vous laisse des rémissions mais qui vous oublie rarement. C’est peut-être cela qui l’a amené à en finir avec la vie dans la nuit du 14 au 15 août 2011 à Antraigues, terroir de son ami Jean Ferrat. Un nouvel album devait voir le jour à la fin de cette année 2011.
Adieu Allain ! Ton talent et ton ouverture d’esprit artistique manqueront cruellement dans le paysage varié de la chanson francophone.