Il y a plus d’un an, le désormais septuagénaire Michel Fugain nous annonçait « Le Printemps ». Ce coup-là, il nous l’avait déjà fait en 1976 en sortant un 45 tours avec ce titre.
35 ans plus tard, « le printemps » de Fugain préfigurait l’été, l’automne et l’hiver. Les quatre saisons quoi ! De quoi faire pâlir Vivaldi !
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L’idée de l’artiste grenoblois était de décliner chaque saison en un mini-album de six chansons qui sortirait à chaque date référence : les 21 mars, 21 juin, 21 septembre et 21 décembre.
En soi, artistiquement, il s’agissait d’une idée intéressante.
Commercialement, à l’heure ou l’industrie du disque se cherche, se tâte et se remet en question, cela s’est vite révélé une fausse bonne idée.
Difficile en effet d’écouler sur le marché un album de six titres à un prix proche de celui d’un opus de seize ou vingt titres. Plus ardu encore était de réussir à vendre quatre albums de pareille facture dans l’année.
Après deux expériences, le printemps et l’été, la maison de disques de Fugain a jeté l’éponge. Et le chanteur s’est retrouvé avec un projet à demi réalisé sur les bras.
Il fallait donc changer de stratégie (et de firme discographique) et c’est ce qui fut fait.
Finalement, il fut décidé d’abandonner l’idée de commercialiser les deux derniers épisodes en tant que tels mais plutôt de les regrouper avec les deux précédents au sein d’un double album de 24 titres.
Le CD des quatre saisons de Fugain nous est donc parvenu en mars dernier dans un superbe livret blanc marqué de lettres rouges. Il s’agit d’un album d’une cohérence remarquable où l’on retrouve le Fugain qui restera celui des débuts et de toujours.
PRINTEMPS-ETE
Pour les saisons déjà abordées par le chanteur, je vous reporte aux articles écrits en leur temps. Il vous suffit pour cela de CLIQUER ICI.
AUTOMNE
Il ne fait pas un pli que, pour Michel Fugain, l’automne est la saison des souvenirs qui, comme les feuilles mortes, se ramassent à la pelle.
Et ses « précieux souvenirs » portent des prénoms comme ceux de Nina, Rico et Nico, les amis d’adolescence.
Et puis il y a aussi la mort ici traitée d’une manière très originale. La caisse de bois est comparée à une barque voguant vers l’au-delà. Ici l’éternité est considérée comme une échappatoire vers la sérénité et le calme. « Le cœur en paix, le corps au calme. » Paroles et musique de l’interprète. Et cela nous permet d’ailleurs de souligner que la plupart des chansons de ce catalogue automne-hiver sont totalement signées par Michel Fugain.
Avec, parmi elles, deux textes assez « sociaux » :
* « Attention » qui s’adresse aux financiers et autres banquiers qui mènent notre monde sur des chemins dangereux.
* « L’océan profond » : chanson de marin sur les difficultés du « pêcheur empêché ». Sur le livret, en rapport avec le texte se trouve la photo d’une œuvre qui démontre les talents de sculpteur de notre artiste polyvalent.
HIVER
Sans que l’on sache très bien pourquoi les chansons sont classées dans la catégorie hivernale, ce chapitre est brillant.
Il y figure deux chansons de scène sur la scène et le spectacle :
* « La musique c’est magique » est dédiée à ses musiciens de scène
* « Ca va commencer » est destinée à remplacer le désormais daté « Attention Mesdames et Messieurs » au début des spectacles.
Point de vue « social », « Chaman » est une manière de traiter de tous les intégrismes et les fanatismes religieux et « Sagesse je te hais » est slam-rap au vocabulaire étonnant qui résume bien la philosophie globale de Michel Fugain depuis des années. Cette dernière plage est écrite et composée par l’artiste comme celle qui, pour moi, restera définitivement la meilleure œuvre de ce double album : « Dans mes poches ».
Alors pour en terminer avec cette chronique d’une manière dont l’artiste a déjà usé pour intituler l’un de ces albums précédents, j’écrirai juste « Bravo et merci ! ».