C’est sous une pluie abondante que la 21e édition des Francos de Spa s’est achevée ce lundi 21 juillet 2014. Les deux dernières journées du festival, dimanche et lundi, ont aussi été marquées par une fréquentation moins importante du public. Si le climat y fut indéniablement pour quelque chose, l’absence de concerts sur la grande scène de l’Espace Rapsat y contribua sans doute également.
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DIMANCHE 20 JUILLET
Un peu partout en Belgique il pleuvait. Mais à Spa, ville d’eau, on a croisé les doigts et, finalement, on a évité la pluie durant toute la journée. La mauvaise nouvelle est plutôt venue des organisateurs qui annonçaient, dès le jeudi, la défection d’Emmanuel Moire qui, malade, annulait son concert de dimanche à 18h30. Du coup, un aménagement rapide du planning s’imposait et il fut ainsi question de repousser la prestation de BJ Scott à 18h30 et de placer, à 16 heures, le concert de l’inattendu Hugo, présent en Belgique et disponible pour un spectacle à livrer au pied levé.
Ce dimanche 20 juillet, la scène du « village acadien » accueillait le groupe « Les hôtesses d’Hilaire » originaire du Nouveau Brunswick. Autour de son meneur-chanteur charismatique, la formation a donné un set diaboliquement rock et rythmé. Dans la même catégorie, ceux des poids lourds du rock canadien, la rouquine Tricia Foster a balancé toute sa force et son humour dans le show qu’elle a donné à 20h15 devant un public où certains se souvenaient l’avoir vu déjà à Spa en 2010. Enfin, à 22 heures, la jeune Belge Juliane Chleide a tout simplement confirmé le bien que l’on pouvait penser d’elle lorsque l’on écoute des chansons comme « Corps à corps » plutôt bien diffusée sur les radios francophones belges.
Klô Pelgag et son univers étonnant sur la scène du théâtre de Spa (c) Passion Chanson
Mais notre coup de coeur du jour est allé sans conteste à la chanteuse québécoise Klô Pelgag dont nous avons chroniqué par ailleurs l’album « L’alchimie des monstres » (CLIQUER ICI pour accéder à la chronique). Dans un théâtre du casino consacré cette année aux spectacles gratuits de découverte, elle a réussi le pari d’attirer un public nombreux pour lui présenter un concert totalement hors norme. Avec des chansons aux mélodies attrayantes et aux textes poético-déjantés, avec une voix qui laisse des traces dans l’épiderme du spectateur, Klô a proposé un concert étonnant où elle était entourée d’excellents musiciens tout aussi extravagants que l’artiste elle-même. Et le résultat est formidablement cohérent d’incohérence. La Québécoise sera encore en Europe un moment pour d’autres prestations : ne la ratez pas !
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LUNDI 21 JUILLET
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LES LAUREATS DU FRANC’OFF
Cali, Charles Gardier, directeur des Francos de Spa, et Hugues Debaty, directeur du Franc'Off, lors de la remise des prix 2014 (c) Passion Chanson
La journée a commencé par la traditionnelle conférence de clôture du festival. Comme chaque année, les organisateurs ont paru satisfait de la fréquentation du public et ont justifié la baisse de celle-ci par l’absence d’une soirée sur la scène Rapsat : soit 10 000 personnes de moins pour un total de 170 000. Pour le reste, ils ont signalé que tout s’était bien passé et que le climat avait été (jusque là) de la partie. Selon le staff organisateur encore, toutes les scènes ont été bien suivies par des spectateurs aussi curieux devant les stars comme Stromae, M ou Bruel (dont les soirées affichaient complet) que devant les nombreux concerts gratuits de découvertes. Une fois cet habituel moment d’autosatisfaction assumé, l’heure des hommages et récompenses est arrivée avec, tout d’abord, la remise d’un « Spa d’or » posthume au regretté créateur des premières Francofolies (celles de La Rochelle en France) : Jean-Louis Foulquier décédé il y a quelques mois. Ensuite, c’est Marc-André Sarrault, des Francofolies de Montréal, qui a reçu le trophée, sculpté en bois par une artisane locale, qui récompense et salue le travail des professionnels qui participent à la promotion d’artistes belges à l’étranger. A la fin de la conférence de presse, le palmarès du concours Franc’Off a été dévoilé par Cali, président exceptionnel du jury pour cette 20e édition. C’est le groupe belge et bruxellois « Fantôme » qui a obtenu le premier prix en délivrant un rock francophone pur et dur et en revendiquant haut et fort le droit à s’exprimer en français. Sur les deux autres marches du podium, les formations « Old Jazzy Beat Mastazz » et « Garcia Goodbye » ont été récompensées pour leur prestation livrée en anglais. La première place de « Fantôme » assure donc au groupe sa participation aux Francofolies de Spa en 2015. A noter que le duo de chanteuses belges Céléna et Sophia s’est également fait remarquer au cours de ce « Franc’off » 2014. Les deux soeurs de Chapelle-lez-Herlaimont se sont vues offrir une journée de studio par le label « Team for Action ». Elles ont aussi remporté le prix « Crowd’in » qui leur permettra de bénéficier d’une campagne de crowdfunding (c’est à dire en bon français des Francofolies : un appel à des fonds participatifs) et d’un encadrement pour mener à bien cette campagne de récolte de fonds. Quant au chanteur belge de Bouillon, Denis K., il sera à l’affiche du prochain festival « Saveurs Culturelles du Monde » de Mondorf-les-Bains au Luxembourg ainsi que sur la scène découverte du Festival « Pause Guitare » de Albi (F). Il participera aussi aux « Aralunaires » d’Arlon (B) et aux « FrancoSessions » organisées par les Francofolies de Spa. Enfin, Cali et son agent vont proposer à Denis K. d’assurer une première partie pour une date belge de la prochaine tournée de Cali prévue en 2015.
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LA SCENE DU VILLAGE ACADIEN
A partir de 13 heures lundi, la scène du village acadien s’est animée avec le groupe franco-belge de la chanteuse Casssandre. Avec un répertoire qui se balade du côté du jazz-rock, la formation a précédé un excellent auteur-compositeur-interprète québécois ayant pour nom Patrice Michaud. Les textes sensibles et drôles de ce chanteur s’accompagnant à la guitare ont réussi à captiver un bon nombre de spectateurs stoïques sous les averses.
Les quatre artistes de "Du haut des airs", les deux musiciens et le créateur du concept : le Québécois François Guy (c) Passion Chanson
A 16h45, comme ils l’avaient déjà fait à trois reprises les jours précédents, les quatre jeunes interprètes francophones de la troupe « Du haut des airs » sont venus interpréter les chansons de leurs contrées d’origine plébiscitées par le public . La Belge Dyna B., la Canadienne Amélie Laroque, le Français Eddy De Pretto et le Suisse Jérôme Acherman ont donné tout ce qu’ils pouvaient au cours de ce qui fut le concert de clôture d’une aventure musicale de quatre mois à travers leurs pays respectifs. Ce fut une belle leçon d’enthousiasme et d’optimisme pour les spectateurs un peu plus mouillés au fil de la journée.
Après la prestation, remarquable et en anglais, de la jeune et phénoménale Belge Typh Barrow, c’est le groupe québécois Violett’Pi qui a mis le feu au podium avec un rock-électro inventif, surprenant et déjanté.
Enfin, à 22 heures, sous une pluie qui n’avait cessé d’être présente toute la journée, le duo de rappeurs liégeois Aral & Sauzé s’en est donné à coeur joie devant, hélas pour eux, une poignée d’admirateurs détrempés.
Force a donc été de constater pour avoir vécu sur ce nouveau site des extrêmes climatiques allant de la canicule au déluge, qu’une tente, aussi petite soit-elle, eut été bien utile pour protéger un peu le public du soleil ou de la pluie.
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BERNARD LAVILLIERS : Y’A PAS QU’A NEW YORK
Bernard Lavilliers aux Francos de Spa ce 21 juillet 2014 (c) Passion Chanson
Comme l’a très bien chanté Lavilliers sur la scène du parc francofou, « Y’a pas qu’à New York » qu’il fait chaud, humide et qu’il pleut. A Spa aussi. Et cela fut d’ailleurs suffisant pour retarder le concert de l’artiste français tant les conditions de sécurité furent, un moment, mises en péril par la pluie. Finalement, tout s’est bien passé et Bernard Lavilliers nous a livré un concert magique dont il a le secret. Epaulé par un gang de musicos hors-pair, le chanteur a passé en revue plus de trente ans de succès : « Pigalle-la-Blanche », « Stand the ghetto », « Idées noires », « La salsa », « Mélody tempo harmony », etc. On accordera une mention spéciale au titre « Les mains d’or » qui font référence à la sidérurgie d’antan et qui a permis à Lavilliers d’évoquer, entre autres, le sort des travailleurs liégeois des usines métallurgiques Arcelor Mittal.
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