Un clic sur Wikipedia révèle instantanément l’étendue du talent artistique de Christina Rosmini. Naissance à Marseille où elle sera petit rat de l’opéra puis fréquentation du Studio des Variétés à Paris où elle se familiarise avec le théâtre, la technique vocale, les arrangements musicaux et l’écriture. Premières expériences scéniques et professionnelles au début des années 1980 dans des spectacles musicaux aux côtés de Michèle Bernard, Karim Kacel ou Georges Moustaki. Puis, la rencontre avec le metteur en scène Roger Louret et des années de travail avec diverses troupes avant une première exploration des musiques du pourtour méditerranéen dans les années 2000. Le parcours artistique de Christina est ensuite jalonné des noms qui l’ont amenée là où elle est aujourd’hui : Etienne Roda-Gil, Enrico Macias, Paco Ibanez, Michel Fugain, Patrick Fiori, Maxime Le Forestier, Fabienne Thibeault ou encore Claude Lemesle.
Pourtant, le premier album musical de Christina Rosmini n’est commercialisé qu’en 2009. Il est l’aboutissement d’un travail qui a emmené l’artiste sur les scènes de France et de l’étranger entre 2005 et 2007. Il s’agit d’un spectacle de compositions axé sur le désir des femmes en Méditerranée : « Sous l’oranger ». Le deuxième opus a pour titre « Lalita » et ne sera disponible que sept ans plus tard. A ce moment, Christina se tourne vers l’oeuvre de Georges Brassens avec le spectacle « Tio, itinéraire d’une enfant de Brassens ». C’est un succès au festival d’Avignon en 2017 et un disque est enregistré en public.
L’album suivant nous est arrivé durant ce mois de mai 2023 et il a pour titre « Inti ».
D’emblée, le ton est donné avec ce nom qui est celui du dieu du soleil pour tous les peuples andins. Car les chansons nous emmènent tous dans un univers solaire, lumineux et optimiste. Avec pour fil conducteur la vie, l’existence, qu’il faut conjuguer au présent pour en profiter un maximum et pour en apprécier toute la richesse. Sans se réfugier dans ce passé qui n’était pas vraiment le bon temps d’avant (« Le temps qui passe« ) et sans se projeter dans cet avenir qu’il faut toutefois essayer de rendre meilleur pour les générations futures (« Something in the air« ).
Christina Rosmini propose ainsi un juste équilibre entre des chansons légères et d’autres plus graves. Elle y aborde des thèmes d’actualité comme la survie des indiens d’Amazonie menacée par la déforestation (« Rouge »), le désir des femmes quel que soit leur âge (« La Fea », « La Louve », « Tant de fleurs »), la mort de milliers de migrants et de migrantes en Méditerranée (« Sous nos Pieds ») ou le désir de changer le monde malgré le constat de nos limites (« J’aurais voulu »). D’autres thèmes sont plus universels : le premier amour (« Le Kid »), la rupture (abordée de façon légère dans « Mais pourquoi? »), la fuite du temps (« Le Konnakol du bon vieux temps ») ou le pardon (« Oublions »).
Toujours optimiste, Christina Rosmini fusionne la culture humaine et musicale du monde, de l’Inde à l’Amérique du Sud en passant par le Proche-Orient et sa fascination naturelle pour la Méditerranée.
L’album « Inti » s’écoute d’un bout à l’autre sans aucune lassitude. La variété de ses thèmes musicaux et de ses textes y est pour beaucoup. Les quatorze chansons sont formidables et, pour ma part, je suis sidéré par la performance du « Kannakol du bon vieux temps », un enregistrement qui, à lui seul, peut justifier l’achat et la découverte de l’album.
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