CHARLOTTE FEVER : un duo électro-pop-caniculaire à découvrir

Charlotte Fever à Spa le 23 juillet 2023 – Photo (c) Passion Chanson

Ils sont deux et ils sont jeunes et dynamiques. Parisiens dans l’âme, ils rêvent néanmoins de mer chaude, de sable fin et de ciel azur. Et ils ont la faculté de réaliser leurs rêves… en musique.
Cet été 2023, ils étaient de passage à Spa, dans le cadre des Francofolies belges, où, malgré une pluie diluvienne et un public clairsemé, ils ont tenu leur prestation jusqu’au bout sur une scène urbaine à l’accès gratuit.
C’est là que j’ai eu l’occasion de les rencontrer dans le cadre magnifique du salon bleu du Casino de Spa.
Et, comme c’est la coutume, on a commencé l’entretien par les origines du duo formé par Cassandra (C) et Alexandre (A).

A(lexandre) : Y’a un moment qu’on s’est rencontré avec Cassandra et on est amis depuis très longtemps. A la base j’avais un groupe de rock et Cassandra nous a rejoints pour interpréter quelques chansons. Puis, le groupe a splitté et tous les deux on a décidé de monter notre projet parce qu’on avait des envies en commun. On avait envie de spontanéité et de faire des morceaux plus solaires, plus festifs. Et comme on était déjà sur la même longueur d’ondes et qu’on avait déjà pas mal d’expériences humaines dans les groupes, on s’est dit qu’on pouvait créer un projet béton sans réitérer les erreurs que l’on a faites auparavant et en se professionnalisant. Et ça a donné Charlotte Fever. Et on en est très fiers aujourd’hui.

PC (Passion Chanson) : Et donc ça fait combien de temps que Charlotte Fever existe ?

A : Quatre ans et demi.

PC : Et tout de suite, il y a eu un EP ? Comment ça s’est passé ?

C(assandra) : Non. On a fait un deux titres. Et puis on a fait un EP. En fait, on a eu de la chance parce qu’on a rencontré une maison d’éditions qui a bien voulu nous prendre en développement. Et ils nous ont aidé pour nous dire comment professionnaliser la structure que l’on avait déjà auparavant avec le groupe d’Alex. Et on a réussi à en savoir un peu plus sur la manière dont ça se passe professionnellement dans le milieu de la musique. Grâce à eux du coup, le projet a pu aller plus loin comme, par exemple, faire une demande de subventions pour faire d’autres EP. Et là on en est à trois EP aujourd’hui et on va sortir notre premier album en novembre (2023).

PC : Là on parle d’enregistrements mais peut-on encore parler de disques actuellement ?

A : Non, nous on est juste attiré par l’objet, le vinyle. Parce que… ça met un point final à notre écriture. C’est l’aboutissement d’un ou deux ans d’écriture. Et quand on a l’objet entre nos mains, ça fait du bien. Et ça nous permet de passer à autre chose à ce moment-là. C’est une belle façon de passer à autre chose. Donc parler de disque non, non. On parle plus de streams. Evidemment on perçoit plus la notoriété et la popularité en fonction des streams mais néanmoins le vinyle reste un très bel objet qui concrétise l’aboutissement de notre travail.

C : Oui surtout que la musique n’est pas vraiment palpable, c’est quelque chose qui est dans l’air mais on n’a pas d’objet. Et c’est vrai que réussir à faire un vinyle ou même un CD, car ça commence à avoir du charme aussi le CD, c’est vraiment le solide du travail accompli. Parfois, nous on a fait un EP qui est juste sorti en virtuel…

A : …et on a l’impression de l’avoir jamais sorti…

C : Ouais et moi je l’oublie. Et donc le fait de ne pas l’avoir sorti, c’est comme si il n’était pas là avec nous réellement.

PC : Dématérialisé ?

C : Exactement.

Charlotte Fever sur scène aux Francofolies de Spa le 23 juillet 2023 – Photo (c) Passion Chanson

 

PC : On a parlé des enregistrements de Charlotte Fever mais il y aussi la scène, c’est votre terrain de jeux ?

A : Oui, c’est là où on a un retour direct avec le public. En termes d’émotions, tu as quelque chose de plus direct et c’est extrêmement différent et extrêmement rassurant. Et on en a besoin. On est hyper dépendant. Comme l’écriture en studio aussi quoi. On a vraiment envie de vivre avec ça. Moi je ne saurais pas dire vraiment ce que je préfère. Peut-être que quand on a écrit un morceau dont on est fier, c’est extrêmement fort. C’est plus fort que tout. Mais la scène ça reste quand même quelque chose d’incroyable qu’on a la chance de vivre. C’est plus une chance peut-être de faire de la scène. Parce qu’écrire des chansons chez toi tu peux le faire. Mais faire de la scène c’est… Enfin, on est chanceux quoi.

C : Oui je pense que c’est un bon équilibre entre les deux. J’aurais pu dire il y a quelque temps que je préférais le live. Mais, en fait, à faire beaucoup beaucoup de live, même si on en est pas à un niveau incroyable non plus mais qu’on tourne pas mal, qu’on a vraiment de la chance et qu’on en est très content, et bien moi, en vrai, ça me manque de ne pas être dans le studio avec Alex et de composer. Donc en fait c’est une balance entre les deux et ça je pense que tous les artistes vous le diront. Alors il y a des artistes qui n’aiment pas le live. Mais je pense qu’à partir du moment où tu te poses et que tu commences un nouvel EP, un nouvel album, c’est hyper important et, en fait, ça finit par me manquer de ne pas le faire quoi. Et c’est quand même compliqué de faire une tournée et de rentrer le soir à la maison pour aller en studio parce que, parfois, on est très loin. Mais le live on kiffe bien entendu. Et de toutes façons les gens qui viennent nous voir en concert le voient… normalement… (rires)

PC : Alors, vous parliez de studio à la maison, c’est où chez vous ?

C : Paris.
A : Paris 10e. On a un très bon studio. On s’y voit régulièrement quasi tous les jours quand on est en période de composition et donc on a tout ce qu’il faut pour être inspiré. En fait c’est un grenier avec le ciel juste au-dessus par le Velux. Puis on a notre matériel à nous avec nos synthés. Ce n’est pas très grand mais il y a notre matériel, les outils de travail que l’on maîtrise, que l’on sait utiliser. C’est notre terrain de jeux et on s’y sent très bien. Et je suis sûr que l’on est beaucoup plus productif dans notre petit home studio que si on était à Abbey Road quoi ! Même si on aimerait bien être à Abbey Road…

PC : Dites-moi, il y a une étape importante, c’est la sortie de l’album qui arrive… C’est aussi une concrétisation de pas mal de choses…

C : En plus, honnêtement aujourd’hui faire un album c’est une symbolique plus que quelque chose d’inévitable puisque, en fait, on peut faire des EP toute sa carrière. Mais c’est plus une symbolique. Car c’est énormément de travail alors qu’un EP c’est cinq titres. Alors qu’un album c’est onze titres non ?

A : C’est au moins entre 30 et 40 minutes de musique.

C : Bref y’a des codes à respecter. Peut-être que les gens ne le savent pas mais donc tout d’un coup c’est un travail un peu plus colossal que nous on attendait depuis longtemps parce qu’on avait écrit pas mal de morceaux qui attendaient de sortir. Et du coup là d’un coup on donne tout. C’est important. Parce que, pour la première fois aussi, on va être distribué dans les Fnac et c’est un vrai passage à l’acte. Et on fête ça à la Maroquinerie (ndlr : à Paris) le 22 février 2024 qui est une salle aussi très symbolique. Donc là c’est vraiment le grand jeu quoi.

Charlotte Fever sur scène aux Francofolies de Spa le 23 juillet 2023 – Photo (c) Passion Chanson

PC : Et puis là j’imagine qu’au niveau de la scène, l’expérience commence à venir parce que les dates commencent à se multiplier…

A : C’est vrai qu’on est devenu de plus en plus à l’aise à chaque fois. Alors là je parle pour moi parce que ça fait un certain moment que je fais de la scène. Ca a toujours été un réel plaisir et là on est très contents.

C : Alors c’est vrai qu’on tourne pas mal mais ça c’est le travail qu’effectue le management avec toute une série de personnes, une entreprise qui bosse derrière nous. Ce n’est pas juste deux personnes sur scène. On est contents de voir que notre musique satisfait mais on est aussi très contents d’avoir l’équipe qu’on a pour nous trouver autant de dates. Et on est fiers de cette équipe.

PC : Alors on est à Spa, c’est une ville thermale, une ville d’eau. Et dans vos clips aussi il y a beaucoup d’eau, il y a la piscine, la plage…

A : Ouais, j’pense qu’il y a le besoin de s’échapper un peu. On adore notre ville, on est accroc à notre ville, on n’a pas envie d’en bouger mais on rêvasse à beaucoup d’endroits idylliques avec la mer, la piscine, tout ça. Et je pense que le fait qu’on en parle souvent, les textes qu’on fait et les paysages sonores qu’on crée sont en adéquation avec ce genre d’univers quoi. C’est un besoin de s’évader. A Paris c’est complètement différent. On adore, on y est trop bien, on a nos habitudes et on est trop contents d’être là-bas mais on aime bien la mer aussi. On la voit pas souvent parce qu’on n’est pas originaire de là-bas. Donc on l’imagine et, inconsciemment, c’est un besoin de l’exprimer dans notre musique.

C : Et puis l’eau c’est assez fédérateur. Il y a très peu de gens qui n’aiment pas. Et c’est aussi synonyme de voyage. Les gens se retrouvent là-dedans et c’est assez léger. Donc ça permet de se détendre dans un concert et c’est pour ça qu’on l’utilise souvent.

A : En fait, je pense qu’on a besoin de planter des décors dans lesquels on se sent bien. Et les décors qu’on aime sont dans nos chansons.

PC : Moi je n’aime pas les étiquettes mais votre style c’est de l’électro-pop…

A : C’est de la pop caniculaire. C’est de la pop et il y a un côté caliente. Après on est comme toi, on n’aime pas les étiquettes et on a un peu de mal à ranger les chansons dans tel style même si à la Fnac il faut bien classer les choses sinon les gens sont perdus. Alors, évidemment, on préfère parler en influences et là par exemple ce qui nous traverse c’est Niagara, Polo et Pan, Daho, Gainsbourg aussi…

C : Mais en fait Daho c’était pas forcément voulu mais les gens se sont retrouvés dans la voix d’Alex et ça, par contre, vraiment, il ne l’a pas fait exprès. Ca lui est venu naturellement quoi. Mais on trouve ça incroyable et maintenant on l’entend nous aussi tu vois.

A : Après ça me fait plaisir.

Sympathique rencontre donc que celle de ce duo caniculaire sans doute mais assez solaire aussi finalement. Rendez-vous sur la scène de la Maroquinerie à Paris le 22 février 2024. En attendant, ci-dessous, le clip vidéo de « Plage convexe ».

 

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