A l’automne de sa vie, l’acteur français Jean Gabin terminait sa célèbre chanson écrite par Jean-Loup Dabadie avec cette phrase : « Maintenant je sais : je sais qu’on ne sait jamais » .
Jéhan est de retour avec un nouvel album qu’il a intitulé « On ne sait jamais » . Ces quatre mots peuvent sonner comme une affirmation mais on peut aussi y deviner des doutes et des sous-entendus. Poussé par un nouvel élan poétique, cet opus se différencie des précédents par le choix d’horizons musicaux plus dégagés. Les treize titres sont écrits avec des mots choisis de manière parfaite. Dépouillée, l’ambiance musicale du disque permet de mettre en valeur ces textes distillés par une voix qui me rappelle parfois, par certains phasés, celle de Stephan Eicher ou de Thiéfaine. Le réalisateur Jibé Polidoro, ici assisté de Gaël Faun, s’est attaché à mettre en valeur les paroles et les musiques avec élégance. Les arrangements sont soignés avec des guitares acoustiques ou électriques, des violons, une harpe et des trompettes.
Des thèmes divers
Les textes de cet album sont variés. Il y a des chansons d’amour (« Loin de tout » ) et de désamour (« Entre nous » ). Et il y aussi des autoportraits comme « Celui de ceux » (la majorité silencieuse) ou « Madame Butterfly » (avec un fantasme plutôt assumé…). Et puis l’album se caractérise surtout par une série de portraits d’hommes et de femmes qu’il nous semble avoir déjà rencontrés au moins une fois dans notre vie. Il y a « Jenny Parker » (qui, ce soir, danse seule), « Le revenant » (qui revient de loin après un lâcher prise) ou « L’homme passé » (plutôt énigmatique). Sans oublier l’héroïne de « Tout est dit » « avec qui plus rien n’a d’importance et avec qui la vie n’est qu’une danse ». « Soudain la nuit » et « Attendre demain » sont deux textes poignants que j’ai perçus comme nous parlant de personnes confrontées à la fin de vie. L’une perd de plus en plus ses souvenirs tandis que l’autre aborde la fin du voyage. Cette fin du voyage est aussi évoquée de manière très douce dans le dernier titre de l’opus : « Savoir en rester là » (« A chaque fois, on veut la fin de la fête et, à chaque fois, on veut pas qu’ça s’arrête »). Car, finalement, « on ne sait jamais »…
Le premier extrait de l’album à être envoyé aux médias et aux plateformes numériques de vidéos est une chanson dont je ne vous ai encore rien dit : « Les chevaux de Montebello » . Jéhan ne pouvait pas rater l’occasion de parler, une fois de plus, des chevaux qui, depuis plus de 20 ans, sont présents dans tous ses albums. Ici, il leur rend hommage en invitant l’auditeur à les suivre pas à pas… Le clip est juste superbe. Et à découvrir ci-dessous.