Lisalou, de son nom complet Lisalou Eva Gonay, est une artiste belge, singulière et multidisciplinaire. Si elle signe les textes et compose les musiques qu’elle interprète, elle est aussi réalisatrice de ses clips vidéos ainsi que styliste et créatrice de ses costumes et de ses maquillages. Et, pour couronner le tout, c’est elle qui imagine et règle ses chorégraphies. Après avoir obtenu un diplôme en stylisme et modélisme qui lui permet de fréquenter les studios de mode londoniens pendant un an, Lisalou s’installe à Paris en 2017. Elle y décide de s’inscrire au cours Florent où elle suit les cours de comédie musicale pendant trois ans. Elle se met ensuite à composer ses premières chansons dans sa chambre avant d’enregistrer et mixer ces morceaux dans un studio professionnel. La fin de l’année 2020 marque une première concrétisation de ses réalisations avec la sortie d’un EP (extended play – mini CD) de cinq titres : « T’imagines si… » .
A l’écoute de son premier et nouvel album, « Censure » , on se rend compte, dès la première plage qui est intitulée « L’ennui » , que l’on ne va justement pas s’ennuyer au fil des dix titres dont les textes cassent vraiment les codes de la chanson francophone traditionnelle. Il y est question de la complexité des relations humaines:dans « Censure » , la phrase « C’est pas toi qui décide ce que je peux ressentir » en dit assez long. Et « Chère chair » est une véritable performance littéraire sur la déception. Le questionnement existentiel est, lui aussi, abordé dans « L’ennui » et « Ver solitaire ». Quant à « Ciel orangé » , c’est, assurément, le morceau le plus original de l’album : un excellent flow pour un texte très intéressant dans un joli mélange de slam-rap et d’électro.
Ce qui frappe le plus dans le travail artistique de Lisalou, c’est la maîtrise des mots qu’elle triture dans tous le(ur)s sens pour aboutir à des poésies oniriques et déjantées mais sensées. On comprend dès lors un peu mieux l’artiste quand elle déclare que « Dans l’écriture, j’aime jouer avec les mots et leur sens. La langue française est souvent incohérente selon moi, mais elle reste très stimulante pour la création. » Il est d’autant plus courageux d’avoir préféré cette démarche à celle qui consiste à chanter des trucs insignifiants en anglais comme le font beaucoup d’autres jeunes artistes pourtant francophones.
Quand à son univers musical, Lisalou ne peut le restreindre qu’à une seule influence. Elle le définit de manière très personnelle comme « psyché-punk-pop » qui emprunte aussi bien à l’éléctro, qu’à la musique urbaine et à la pop. « J’ai un style particulier, j’aime la musique alternative, raconter des histoires dans les sons, dans les ambiances et dans les rythmes. », dit-elle encore. Quant à la voix de la chanteuse, elle est originale, claire, juste et agréable.
Lisalou ajoute enfin : « J’ai le goût de la scène depuis que je suis très jeune. J’ai fait beaucoup de théâtre, de chant d’ensemble et chant solo, et de danse. Me produire sur scène et pouvoir partager mon univers avec le public est mon moment préféré du processus. C’est l’accomplissement de beaucoup de travail et de doute. Ce doute n’a pas sa place sur la scène et ça a quelque chose de « reposant ». Pour mes concerts, je suis avec mon frère qui m’accompagne au clavier. On a toujours joué ensemble pour des fêtes d’écoles ou des petits projets pour YouTube. Aujourd’hui on joue mes compositions et ça a une toute autre saveur. Je m’accompagne aussi de mon looper pour chanter à cappella sur certains morceaux. »
Et toute l’énergie contenue dans ce premier album me permet de penser que les rendez-vous publics avec Lisalou ne sont certainement pas caractérisés par « L’ennui » !
« L’ennui », un titre qui fait l’objet d’un clip vidéo interpellant que l’artiste a réalisé, monté et produit avec l’aide de son équipe.
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