Il y a presque deux ans, j’avais été charmé par le premier album (« Gommettes ») d’un artiste que je ne connaissais pas : Nicolas Réal. Mais, au gré de mes diverses activités, je n’avais finalement pas eu le temps de vous en parler sur mon site « Passion Chanson ». Je l’ai longuement regretté.
Alors, dès qu’il fut question d’un nouvel opus prévu pour ce mois d’avril 2024, je me suis promis de l’écouter bien sûr mais aussi de vous en écrire quelques lignes car j’étais certain que les chansons en vaudraient vraiment la peine. Et je ne me suis pas trompé.
En principe, le second album d’un artiste est souvent le plus important. Il est en effet celui qui va confirmer les talents mis au jour dans le premier ou bien, plus tristement, décevoir et entraîner son interprète dans un oubli parfois définitif. Ici, avec « Saint Romain » (c’est le nom du nouvel album), nous sommes bien au début d’une carrière prometteuse.
La musique de Nicolas Réal est résolument pop. Elle est rafraîchissante et joyeuse avec des refrains accrocheurs et des rythmes agréables. Les textes des chansons, souvent autobiographiques, sont légers mais ils ne le sont qu’en apparence car l’artiste manie avec dextérité la dérision qui renforce le côté lumineux de ses mélodies. Ils constituent l’écrin dans lequel se retrouvent pêle-mêle des souvenirs d’enfance ou d’adolescence avec un premier amour maladroit (« Le petit chemin ») mais aussi des histoires bien contemporaines de réseaux sociaux (« Suggestion d’amie ») et de confinement (« Masqué »). Et, pour faire le lien entre cette nostalgie positive du passé et l’avenir, il y a l’ultime chanson du disque interprétée en duo par Nicolas Réal et sa fille de dix ans, Inès : « Où est-je ? ».
Au total, les plages sont au nombre heureux de treize et, parmi elles, j’ai particulièrement apprécié un autre duo sur le titre « Tous les cris les SOS » repris à Daniel Balavoine. La chanson est partagée avec la talentueuse interprète belge Lucie-Valentine dont il faut que je vous parle aussi un de ces jours. Enfin, si vous en avez la possibilité, écoutez attentivement « Le statistype » qui est un bijou d’écriture, d’humour et de lucidité.
Les arrangements de ce nouvel album de Nicolas Réal, « Saint Romain », sont signés Gary Celnik. Et le premier extrait de l’opus destiné aux médias et aux plateformes numériques s’appelle « Pandy Box ». Le texte évoque une romance hivernale à Paris : une histoire inachevée pleine de mystères et de nostalgie dans les rues enneigées de la ville. Pour le clip de cette chanson, on plonge dans les différentes pièces du studio mythique ICP à Bruxelles, où l’écho des voix de Souchon, Renaud, Maurane, Aubert, Eicher, Polnareff et plein d’autres résonne encore, pour assister à l’enregistrement de l’album.
Nicolas Réal a vu le jour à Nice dans l’effervescence des années 1980. Les icônes de l’époque, Goldman et Eicher, Bashung et Berger, tissent la bande-son de sa vie. Petit, Nicolas Réal fait ses gammes loin des partitions traditionnelles, jouant d’instinct sur les touches d’un synthétiseur avant d’apprendre la guitare. La musique devient son langage, son évasion, son univers parallèle où les notes remplacent les mots. Il vit alors en Afrique mais il passe son adolescence en France où il se fond dans l’énergie collective de groupes éphémères en peaufinant ses rêves d’artistes. Après un détour par la Grande-Bretagne, c’est à Bruxelles qu’il s’installe en 2010 entre entreprenariat et musique, loin de l’azur de son enfance. Dans cette ville, il construit, conseille et innove à la tête d’une boite de consultance. En 2020, en plein confinement et à l’étroit chez lui, Nicolas Réal décide d’installer son studio dans les bureaux déserts de son entreprise. C’est là que naît « Gommettes », son premier album surprenant et prometteur dont le successeur, « Saint Romain », est désormais disponible depuis la mi-avril 2024.
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