L’acteur Gérard LOUSSINE revient à la chanson avec du blues-rock

De tous temps, de nombreux comédiens et acteurs ont essayé de devenir des chanteurs avec, parfois, beaucoup de réussite. On peut notamment citer Serge Reggiani. A près de 70 ans, il semblerait que Gérard Loussine ait décidé de réaliser ce rêve qui devait être bloqué dans un coin de sa tête depuis un bon moment. Depuis, sans doute, l’expérience de l’enregistrement de quelques 45-tours entre 1978 et 1983. Et, ma foi, le résultat est plutôt convaincant. Car les douze chansons de son album intitulé « In the sky with… » distillent une musique plaisante et des textes signifiants. Toutes écrites en français même si le titre de l’album ne le laisse pas deviner.

Dès les premières notes, on sent que le voyage musical nous emmènera dans l’univers du blues et du rock pour lesquels la voix de Gérard semble être taillée sur mesure. Epaulé par le formidable musicien Georges Bodossian qui fut le fondateur du groupe Océan dans les années 1970, Gérard Loussine construit son répertoire sur les textes de Sandie Masson, Marc Fayet, Jean-Marie Moreau et Vincent Baguian qui partage les mêmes origines que le chanteur et son musicien.

Gérard Loussine justifie l’enregistrement de cet album en expliquant qu’il a décidé, à 70 balais, d’aller au bout de ses envies et de parler de ce qu’il aime, de ceux qu’il aime. « Je l’ai d’abord fait pour mes deux petites filles Thelma et Frida et ensuite je me suis pris au jeu… » Car, au niveau de la sensibilité, ce sont ces deux titres (« Frida » et « Thelma » ) qui remportent la palme des ballades figurant sur le disque qui commence par un bon blues : « Au micro d’la dame » .

Par définition, le blues ne doit pas être que l’expression musicale d’un sentiment de tristesse et de nostalgie. Généralement, le texte contribue aussi à renforcer cette impression de désespoir. Ici, le principe est totalement respecté.

Bien sûr, il y a « Au micro d’la dame » mais aussi « Le temps qui passe » inexorablement pour une dame seule qui n’a plus que des souvenirs à vivre mais qui continue toutefois à s’aimer pour ne pas totalement sombrer. Et puis, il y a la « Chanson pour… » qui est un hommage très pudique et sensible à l’auteur Jean-Marie Moreau, disparu le 29 octobre 2020, et qui termine l’album par une fulgurante ponctuation rock de deux minutes. Quant à « Tu disais » elle évoque une histoire d’amour entre deux êtres différents : l’un dévoré par une passion fulgurante et l’autre plutôt amoureux dans la durée. Avec, au bout, la fin de la passion de l’un et l’autre qui reste sur le carreau. Et, enfin, il y a « La douleur fait moins mal que la fin » qui pourrait être la suite et conséquence de la chanson précédente : quand on ne peut se résoudre à la fin d’une histoire d’amour et que l’on préfère vivre dans la douleur plutôt que croire que c’est fini.

La chronique de ce bien bel album ne serait pas complète si je n’évoquais pas les chansons qui racontent des faits de tous les jours probablement vécus par Loussine ou ses acolytes auteurs.

Sur une jolie ballade, « Chanson en English » parle de la difficulté de dire « je t’aime » et de déclarer son amour. « C’était comme ça » nous présente Lola, une voisine, une fille « libre ». « J’voulais pas » est l’histoire d’une rencontre inattendue mais inévitable. « Ca roulait pas » nous plonge au cœur d’un immobilisme routier très particulier. Et, enfin, « Les gens d’ailleurs » est un hymne à la tolérance et à l’acceptation de l’autre : « Faut leur dire qu’ils sont d’ici, y’a pas d’erreur, les gens d’ailleurs. »
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Article rédigé par Daniel Barbieux (Passion Chanson) sur base de l’écoute de l’album et des informations communiquées par Xavier Chezleprêtre (Attitude)
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