Eva Marchal, sa voix acidulée et son nouvel album introspectif

Avec cinq albums studios, deux « live » et trois albums pour jeune public, Eva Marchal est loin d’être une nouvelle venue dans le monde de la chanson. Elle y a en effet fait ses premiers pas avec un album intitulé « A contre-jour » en 2001. A une époque où des chanteuses francophones aux voix similaires à la sienne se faisaient connaître : Emilie Simon en France ou Caroline Jokris en Belgique par exemple. Près de 25 ans plus tard, les capacités vocales d’Eva Marchal sont toujours évidentes et l’expérience de la vie n’a fait qu’enrichir le contenu des chansons figurant sur l’opus « 88 » commercialisé fin septembre 2024.

Avec sa voix mutine et acidulée qui fait aussi penser à celle d’Ana Torroja, la chanteuse espagnole du groupe Mecano, Eva propose des nouvelles chansons qui restent fidèles au style à la fois lyrique et subtilement épuré qui la caractérise. Les influences sont à chercher du côté de Goldfrapp, Françoise Hardy ou Kate Bush dont elle reprend un titre (« This woman’s work » ).

Avec sa voix aérienne et ultrasensible, Eva Marchal nous livre un album intime et introspectif.
Le premier titre, « Je plane » , évoque la résilience et l’acceptation : « Il était temps de grandir, mes tourments se sont envolés, devant l’immensité je respire et me laisse aller au gré du vent ».
La chanson suivante, « Cigarettes en papier » , est un retour nostalgique vers les rêves d’enfance d’une petite fille qui imaginait la vie longue, très longue…
« J’voudrais être vieille » livre une réflexion touchante sur le temps qui passe et la peur de vieillir : « pour être sûre d’avoir tout vu ».
« Tu regagnes le port » traite de la maladie d’Alzheimer et la peur d’oublier ceux qui nous sont chers.
« Tout roule » est une célébration des instants présents précieux : « Ne plus regarder dans le rétro, regarder droit devant quand tout s’accélère pour rester vivant ».
L’amour et ses tourments se retrouvent dans une sorte de triptyque avec la chanson « On s’est gardés » , l’histoire (en piano-voix) d’un couple qui fait tout pour se garder, s’aimer et… se détester. Puis il y a la déconvenue de « L’amer » (« garde ton amour, je ne saurai qu’en faire ») avant « Peine perdue » est une ballade émotive sur la rupture et le temps nécessaire pour se libérer d’un amour.

L’album contient encore deux histoires aux titres très contemporains : « Hacker mon cœur » et « Sans emoji » . Ainsi que quatre chansons en anglais, une langue que la chanteuse a déjà utilisée en 2015 pour son album « Promised land » dont un seul titre était en français (« Le soleil de minuit » ).

Musicalement autodidacte, Eva Marchal a conçu et façonné l’essentiel de sa musique dans son home studio. Elle s’y est aidée de son piano, de sa guitare et de quelques machines pour obtenir ce qu’elle voulait. Puis, avec des musiciens aguerris comme Denys Lable et Claude Salmieri (qui avait déjà travaillé avec Eva Marchal en 2010 pour l’opus « Mon ballon rouge »), la chanteuse a fini par nous proposer une œuvre intemporelle à la fois mélancolique et lumineuse.

Qui est Eva Marchal ?

Eva Marchal

Eva Marchal chante comme elle respire. Depuis toujours. Peut-être même depuis qu’elle est née à Béziers dans les années 1970. C’est toutefois à La Rochelle où elle passe son enfance et sa jeunesse qu’elle entame ses activités musicales dans les piano-bars de la région.
Au milieu des années 1990, elle a l’occasion de se produire en Grèce avec un orchestre de 70 musiciens. Puis, se faisant connaître des professionnels français, elle est remarquée par Jean-Louis Foulquier, le fondateur des Francofolies, qui l’accueille dans son émission de radio « Pollen » sur France Inter en 1997. Deux ans plus tard, elle enregistre un premier disque avec la chanson « I had a dream… tous les hommes sont bleus » . Cette première et timide expérience discographique prépare le terrain d’un premier album mis en vente sous le titre « A contre-jour » en 2001. Eva Marchal effectue alors un voyage en Inde puis se retrouve en première partie des concerts de Francis Cabrel au Canada. Un second album intitulé « Paradygme » voit le jour en 2005. S’en suit une prestation aux Francofolies de La Rochelle avant le spectacle de Marc Lavoine. On lui remet le coup de cœur du festival « Découvrance » et, après avoir commercialisé un album « live », elle effectue une tournée au Japon et en Thaïlande en 2008. Un an plus tard, Eva Marchal enregistre « Quartier Latin » , une galette numérique qui lui permet d’interpréter à sa façon de grandes chansons françaises : « Que reste-t-il de nos amours » , « La Javanaise » , « La mer » , « La valse des lilas » , « Le jazz et la java » , « Syracuse » , « La vie en rose » , etc. En 2009, la chanteuse travaille sur un nouvel album avec Claude Salmieri. Ce dernier n’a pas son pareil pour bâtir des atmosphères oniriques flottant sur les textes et la voix fascinante de l’artiste. Sorti en version numérique le 15 octobre 2010 et en version physique un mois après, « Mon Ballon Rouge » (inspiré par le film réalisé par Albert Lamorisse en 1956) se décline en live le 22 novembre 2010 au théâtre parisien des Trois Baudets.
A cette époque, Eva lit beaucoup d’histoires à son jeune fils. Cela lui procure une certaine inspiration qu’elle va mettre au service de la composition musicale pour jeune public. Trois albums spécifiques destinés à la jeunesse sont ainsi enregistrés en 2013, 2016 et 2021.
En 2015, le disque « Promised land » comporte onze titres en anglais et une chanson en français : « Le soleil de minuit » . Et, en 2024, voici donc « 88 » qui vient étoffer la discographie de plus en plus intéressante d’Eva Marchal.
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Article rédigé par Daniel Barbieux (Passion Chanson) sur base de l’écoute de l’album, de recherches sur le web et d’informations communiquées par Xavier Chezleprêtre (Attitude).

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