Paul Galiana est (re)connu comme un guitariste surdoué. Il a permis à des tas d’artistes de profiter de sa dextérité en les accompagnant sur scène ou au cours de leurs enregistrements. A 50 ans, en 2021, l’homme a décidé de réaliser un vieux rêve : celui de composer, d’écrire, d’interpréter et d’enregistrer ses propres chansons. Il a ainsi lancé sa carrière solo avec un EP, « Marque-Page ». Désormais, il défend ses proposes chansons entre rock et pop avec, à ses côtés, Alain Gibert à la basse et Guillaume Glain à la batterie.
En cette fin d’année 2024, le désir se réalise un peu plus et prend cette fois la forme d’un album intitulé « De la vie ».
Comme libéré d’une trop longue retenue, l’artiste est loin d’être avare. Il nous propose ainsi quatorze chansons dont la durée tourne entre 2’20 et 5’41 pour nous offrir près d’une heure de musique. Soit quatorze mélodies dominées par la sonorité des diverses guitares maniées avec un talent hors norme. Et des textes qui ne laissent jamais indifférent. Car les thèmes sont variés et intéressants.
L’artiste y pose une question : pourquoi prier pour les victimes de ceux qui tuent au nom de la religion ? (« De la vie » ). Il y décrit aussi une certaine nostalgie d’un passé révolu (« Ledru-Rollin » ), de jours anciens vécus à Lyon (« Entre le fleuve et la rivière » ) ou encore de l’enfance qui fait craindre « que tout soit cassé dans le futur » (« Le goût de l’horchata » ). Le souvenir d’un immeuble côtier menacé par la montée des eaux et abandonné par ses habitants mêle habilement les images du passé et les soucis contemporains du dérèglement climatique.
Notre société actuelle est, à juste titre, également pointée du doigt par Paul Galiana. La guerre en Ukraine est évoquée dans « La fille du train pour Tallin » interprétée avec Lembe Lokk. Ceux qui sont sûrs de tout et qui ne doutent de rien ont désormais leur chanson : « La main qui tremble » . Autre sujet crucial abordé dans « Jeanne Pardon » : la femme battue, résignée et affreusement enfermée dans sa culpabilité de vivre. Enfin, notre monde où il faut agir rapidement sans réfléchir longtemps est critiquée pour sa course à la « Punchline » .
Au rayon des chansons sans doute autobiographiques et certainement plus légères, il y a « En ligne » , histoire d’un passionné de la danse country, et « Genghini blues » ou le destin malheureux d’un ex-futur grand footballeur !
A titre personnel, j’apprécie beaucoup « Ta place » ou comment écrire une chanson sur son père sans rien en dire ou très peu finalement. Et puis j’éprouve aussi un coup de cœur tout particulier pour « Sans Paris » , une manière très originale et originale de parler de… Bruxelles !
Je laisse la conclusion de cette chronique à Paul Galiana lui même : « J’ai appelé cet album De la vie car je me suis aperçu que la vie des gens, la vie des villes était le fil rouge qui reliait ces 14 chansons. Pour ce nouvel album, j’ai flâné en chemin, j’ai croisé un blues électrique ici, une valse acoustique plus loin, et puis quelques rock-à-guitares-qui-crachent-leur-mère avant une ballade intimiste. Ce voyage au long cours permet aussi la conversation. Après avoir conté la vie des autres, glosé sur le monde comme il va, je me livre dans mes envies, mes doutes et ma vie. »
Né en Espagne en 1971, Paul a grandi en Haute-Savoie où il a mené, durant onze années, le groupe Profane. Le musicien écrit, compose et joue sur scène depuis l’âge de seize ans. Il est diplômé de l’Ecole des Technologies Musicales (ETM) à Genève en 1996. Depuis son arrivée à Paris en 1998, guitariste multi-tâches, il multiplie les rencontres et les collaborations. Il passe ainsi du rock à la chanson et du folk au rock tout en menant un projet personnel sous le nom de Lune Papa à partir de 2012. En 2015, la sortie d’un EP de cinq chansons, “En quarantaine », lui permet de proposer des concerts en solo mais surtout en trio avec Sophie Bardou et Claire Hugonet. Il est alors demi-finaliste du tremplin « Vive la Reprise » à Paris. En 2017, Paul participe au projet « Champagne pour Higelin » et collabore, à cette occasion, avec des artistes comme Hey Sarah, Olivier Eyt, La Bestiole, Cat Loris, Armelle Yons, Kiefer ou encore Diabolo… Cette expérience le convainc de tomber le masque et de poursuivre son parcours musical sous son vrai nom en donnant à son répertoire une couleur plus électrique et pop. Sous le nom de Paul Galiana, un premier single est commercialisé en 2019 : “Damner les doutes (La foule)“. Après un premier concert, en formule trio avec Alain Gibert et Guillaume Glain à la Dame de Canton (à Paris) en 2020, il sort “Marque-Page“, un EP de cinq titres. Les ateliers d’écriture et les résidences se multiplient alors pour le chanteur : avec Claude Lemesle à Paris mais aussi à
Bruxelles et à Strasbourg. Le premier véritable album de Paul Galiana sort à l’automne 2024 après quelques concerts où il a joué pour Armelle Yons et Clément Verzi (avec qui il chante « Nous défendrons l’automne » sur l’opus « De la vie » ).
Paul Galiana sera en concert le dimanche 2 février 2025 à La Mécanique Ondulatoire à Paris.
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Article rédigé par Daniel Barbieux (Passion Chanson) sur base de l’écoute de l’album et des informations communiquées par Xavier Chezleprêtre (Attitude).
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