Il est de notoriété publique que les chansons interprétées en français ont de moins en moins la cote dans les grands concours internationaux comme le Grand-Prix Eurovision. Il en est d’ailleurs de même pour d’autres langues comme le néerlandais ou le suédois contrairement à l’espagnol, l’italien ou, surtout, l’anglais.
En Belgique, depuis toujours, un candidat néerlandophone alterne avec un chanteur francophone. Mais il n’y a jamais eu de règle précise en ce qui concerne le langage d’interprétation de la chanson sélectionnée. Et il y a bien longtemps que les représentants flamands ont opté pour la langue de Shakespeare, ce qui n’était pas encore trop le cas des Wallons.
La RTBF (radio télévision belge francophone) a décidé, en cette année 2012, d’envoyer le vainqueur de la première saison du concours « The Voice Belgique » au Grand Prix Eurovision (voir article ci-dessous à ce propos). Et cela en réjouissait plus d’un puisque le jeune garçon de 18 ans, Roberto Bellarosa, semble avoir du talent. Et puis aussi, parce qu’en fonction des goûts personnels avoués par l’artiste en herbe, il semblait avoir une nette préférence pour la chanson francophone. Au point de confier qu’il chanterait probablement en français à Malmö, ville d’accueil de l’Euro Song Contest de 2013.
Et puis, finalement, pour d’indubitables raisons commerciales, le jeune Roberto a offert trois chansons au choix du public d’auditeurs et d’internautes francophones et au jury des professionnels : deux interprétées en anglais et une en français. Et c’est « Love kills » qui a emporté les suffrages.
C’est assurément dommage pour tous ceux qui croient avec raison que la chanson francophone peut encore s’exporter et se « vendre » à l’étranger avec ses caractéristiques propres. Et il s’avère un peu trop facile de taxer de passéiste ceux qui prétendent à juste titre que la seule victoire belge au concours Eurovision fut celle de Sandra Kim en 1986 avec un texte francophone : « J’aime la vie ». Et que si Jean Vallée se classa deuxième en 1978, c’est aussi en chantant « L’amour ça fait chanter la vie » en bon français. Bien sûr, ces mélodies-là n’ont sans doute pas fait le tour de la planète. Mais peut-on avoir la naïveté de croire que « Love Kills » y parviendra ? C’est toutefois ce que l’on peut souhaiter, en beau joueur, à ce cher Roberto Bellarosa qui aura encore, c’est certain, d’autres occasions de chanter en français avec la voix de l’honnêteté.