La nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans le milieu musical francophone de Belgique. Ce mardi 18 juin, le musicien, producteur et chanteur Olivier Battesti est décédé de manière subite à Bruxelles à l’âge de 65 ans. Il était surtout connu pour avoir fondé, avec son épouse Martine Peters, le concept de chanson pour jeune public MAMEMO en 1979.
Olivier naît le 19 décembre 1958 à Lyon où, adolescent, il nourrit le rêve de faire de la musique à destination des enfants. Pour ce faire, il apprend la musique et, dès qu’il a réussi son bac, il quitte la France pour réaliser des animations musicales dans les écoles francophones de Belgique. Il y rencontre une jeune professeure d’éducation physique nommée Martine Peters qui devient ensuite son épouse. Le couple pense qu’il y a quelque chose de neuf à proposer dans le domaine du spectacle pour jeune public qui, jusque là, se limite aux concerts d’Anne Sylvestre, de Steve Waring (avec qui Olivier à travaillé), d’Henri Dès ou de Chantal Goya. De fait, Martine et Olivier décident de lier la musique aux mouvements pour créer une sorte d’expression corporelle dansée et chantée pour les petits. Dans cette optique, ils proposent leur premier spectacle, qui s’appelle « Bonjour la nuit », sous le nom de Mamemo en 1979. Une appellation qui leur est venue naturellement d’un jeune spectateur qui avait particulièrement apprécié la phonétique de leur répertoire. Le nom Mamemo sera aussi le titre de leur premier enregistrement sur disque. A cette époque, une émission de la RTBF (Radio Télévision Belge francophone) intitulée « Radio-Pirate » va populariser un peu plus Mamemo dont un deuxième album est commercialisé en 1982 : « Je voudrais tant ». Un nouveau spectacle, « Miroirs », est alors présenté en Belgique mais, aussi, au Festival d’Avignon.
En 1983, Mamemo est à l’affiche du Printemps de Bourges où il présente les chansons d’un troisième album qui a pour titre « Tes idées » et qui est associé à un montage audiovisuel de 30 chansons. Les albums sont alors enregistrés de manière aussi régulière que la programmation des concerts. En 1984, « Tout l’monde » permet au couple de se produire aussi au Zaïre avand d’être à l’affiche de l’Olympia de Paris l’année suivante. En 1987, un clip vidéo est réalisé sur le titre phare de l’album « Reste encore ». Au fil du temps, l’univers de Mamémo touche volontairement un public plus large constitué des enfants, des adolescents et des parents. Et c’est donc souvent en famille que l’on se rend au spectacle. Parmi les chansons les plus appréciées, il y a « Les bonbons », « Le soleil est là » ou « Sacré chocolat ».
En 1998, le concept Mamemo se transforme grâce à Michel Delvaulx qui va illustrer les pochettes des CD. Et les créations de l’artiste vont inspirer l’idée d’un dessin animé où le personnage de Mamemo est un petit garçon blond. La série d’animation est diffusée dans une quarantaine de pays et dépasse les frontières de la francophonie.
En 2012, Olivier Battesti concrétise son envie de prendre du recul mais aussi de transmettre en créant, à Wavre (B), « Le Lac », une résidence multidisciplinaire dédiée aux arts de la scène et numériques afin d’aider les jeunes artistes prometteurs.En 2015 aussi, le spectacle « Planète danse » est présenté au Théâtre Marni de Bruxelles avec une installation vidéo composée de sept écrans qui englobent totalement les spectateurs et les interprètes. Martine et Olivier ne sont désormais plus à l’avant de la scène. Ils ont laissé la place à une nouvelle génération d’artistes qui est la deuxième que connaît Mamemo. Avec l’emploi de 80 personnes, Mamemo est devenu une véritable entreprise où Olivier supervise les productions. La même année, le dessin animé de Mamemo s’adapte aux nouvelles technologies : il est produit en trois dimensions pour être diffusé, notamment, sur France 3 et sur la chaîne « Ouftivi » de la RTBF. 78 épisodes de trois minutes sont réalisés par Olivier Marcoen sur un scénario écrit par Martine et une musique composée par Olivier.
Les thèmes abordés sont simples et relèvent de la vie quotidienne des enfants. Avec leurs interrogations sur les gens, les choses et les comportements. 45 livres sont aussi imprimés à partir des dessins animés et il y a aussi des livres d’apprentissage de la langue anglaise distribués dans tous les pays anglophones. Ainsi que des livres interactifs pour une approche instinctive de la langue. Une application numérique est également développée. En 2017, Olivier Battesti et Martine Peters fondent, à Ixelles (Bruxelles), « La Maison qui chante » : un lieu de création dédié exclusivement à la chanson jeune public. Le 18 juin 2024, à « La Maison qui chante », au premier jour des répétitions d’un nouveau spectacle de Mamemo avec une toute nouvelle équipe, Olivier Battesti nous quitte de manière inopinée.
A titre personnel, je garderai d’Olivier l’image d’un grand bonhomme superbement cordial et humain. Je me souviens ainsi des excellents moments radiophoniques et professionnels passés ensemble entre 1992 et 2003. Correspondant à chaque sortie d’album, ces rencontres ont souvent dépassé le cadre de la simple interview pour devenir une conversation sympathique et détendue. Nous étions de la même génération et partagions beaucoup de préoccupations communes.